Le Chat Perché mis sur une voie de garage?

Chaton déçu devant l'atelier vélo définitivement fermé

ou comment la concertation sur l’îlot Mazagran se termine contre toute attente par le choix d’un garage automobile en lieu et place de l’atelier vélo?

Retour sur notre arrivée sur l’îlot Mazagran (juin 2016)

Après les débuts épiques du Chat Perché en 2007 et notre installation à la Guillotière fin 2011 (dans des locaux de l’Armée du Salut puis de la ville de Lyon), notre travail de recherche mené avec le conseil de quartier a permis d’obtenir un bail d’occupation précaire de 2 ans sur l’îlot Mazagran auprès de la métropole de Lyon (Juin 2016).

Sans autre piste, nous avons saisi cette opportunité de disposer d’un local adapté à nos besoins en espace, quoique dans un très mauvais état. Cela a permis à notre association d’accueillir jusqu’à 1500 adhérent·e·s par an, d’accueillir et de former plus de 200 bénévoles et de pérenniser les 2 emplois en CDI (avec des taux d’autofinancement atteignant 90%).

Recherche de locaux (2016-2017)

En contrepartie, notre précarité nous a obligé·es, dès la fin 2016, à nous consacrer pleinement à la recherche de locaux,  notamment avec la visite des écuries du Parc Blandan (projet finalement reporté par la métropole). Nos prospections, en lien avec les bailleurs sociaux et le domaine privé, ont mis en évidence notre incapacité financière à louer des locaux aux tarifs du secteur privé, sans soutien public dans le secteur central (Lyon 7, Lyon 8, Lyon 3, Lyon 2)

Mobilisation et abandon du projet (2018-2019)

À partir de juin 2018, la mobilisation du quartier autour de l’îlot Mazagran (https://www.chatperche.org/2019/01/quel-toit-hebergera-le-chat-perche-en-2019/) (https://habitonsmazagran.wordpress.com/presse/) a abouti à l’abandon du projet initial. Cela a permis à l’atelier du Chat Perché de bénéficier de prolongations successives de la convention d’occupation précaire. Une situation qui a permis à l’association de s’ancrer durablement dans le quartier tout en restant dans l’incertitude sur le long terme.

Espoir pour l’atelier d’être intégré au nouveau projet (fin 2018)

Dès la fin 2018, nous avons affirmé notre souhait d’être intégré·es au projet de l’îlot et avons obtenu des promesses encourageantes lors de nos échanges alors avec Myriam Picot (maire du 7ème), Pierre Hémon (vice-président à la mobilité) et Loïc Graber (adjoint du 7ème à l’urbanisme): “Il vous sera proposé le relogement de votre atelier dans l’immeuble social qui va être construit à proximité. La Métropole demandera expressément au bailleur social de vous louer un rez-de-chaussée“, “les opérations immobilières seront menées dans une temporalité qui vous permettra de ne pas être délocalisé“.

Campagne des élections municipales et métropolitaines 2020

Le sujet de l’îlot Mazagran a été au coeur de la campagne électorale dans le 7ème et la dernière réunion publique qui s’est tenue à l’atelier Chat Perché le 9 mars 2020 a permis aux équipes candidates d’affirmer leur soutien au relogement de l’atelier dans l’îlot. Par ailleurs, notre implication dans le plan vélo interassociatif (https://nuage.chatperche.org/s/2p8EASqcDLFYNr6) renforçait notre demande auprès des collectivités en précisant que “la mise à disposition de locaux décents et adaptés est aussi une condition essentielle à la pérennisation de ces ateliers

Nouvelle concertation (juin 2020) et incompréhensions face aux conclusions de la métropole (février 2024)

Lors des ateliers de concertations, l’atelier du Chat Perché revenait souvent dans la discussion et semblait sur une bonne voie pour être intégré au projet “plutôt en RDC et plutôt dans un bâtiment indépendant”.

Nous remarquons qu’à l’inverse, le garage automobile “AutoLub” n’est mentionné dans aucune des étapes de la concertation (https://nuage.chatperche.org/s/TBrcXjnkAmmxsGf). Si ses représentants ont échangé avec la métropole, cela s’est fait hors du cadre du processus de démocratie participative. Nous contestons vivement les propos de la métropole qui affirment que lors des réunions de concertation organisées, les participants du quartier auraient exprimé l’intérêt de conserver le garage Autolub dans l’îlot.

  • Comment expliquer qu’après 1 année de silence (entre avril 2022 et septembre 2023), la métropole tranche en excluant l’atelier du Chat Perché sans autre explication ?
  • La métropole prévoit-elle de rendre des comptes aux participant·e·s à la concertation et aux habitant·e·s du quartier de l’éventuelle installation de la carrosserie dans notre local actuel?
  • Et enfin, quel crédit accorder au processus démocratique quand les attentes initiales ne sont pas respectées, quand les arbitrages manquent de transparence, et quand la métropole profite de l’étalement dans le temps et de l’épuisement des forces citoyennes?

Précisions sur les besoins de l’atelier et du soutien des collectivités

Nous tenons à affirmer que notre local actuel de 400 m² correspond à nos besoins et nous permet de développer nos nombreuses activités : nous avons eu l’occasion de présenter des exemples en France d’ateliers qui bénéficient de telles surfaces mises à disposition par les collectivités lors de la réunion plénière des modes actifs de la métropole en juin dernier (https://partager-mdl.territoirenumeriqueouvert.org/s/f5jiX2EwjJbCbm2). 

Quant à la faiblesse de notre modèle économique, il est primordial de considérer l’apport des ateliers participatifs aux politiques publiques (https://www.heureux-cyclage.org/IMG/pdf/modeles_socio-economiques-ateliers_compressed.pdf). Le soutien aux ateliers vélos constitue pour une collectivité territoriale un des leviers les plus efficaces pour effectuer du report modal vers le vélo à moindre coût (affirmé par l’ADEME en 2017 puis 2021, https://librairie.ademe.fr/mobilite-et-transport/5030-ateliers-participatifs-de-reparation-de-velos.html). Les différentes études menées sur les usager·es d’ateliers vélo, ainsi que la localisation de nos adhérent·es montrent bien qu’une relocalisation à plusieurs km conduira l’association à renouveler une très grande partie de ses membres, tout en laissant sur le carreau les habitant·es du quartier Guillotière où le besoin est particulièrement fort avec la proximité immédiate de plusieurs écoles et universités. 

 N.B. : l’Heureux Cyclage, réseau national des ateliers vélos participatifs, auquel nous contribuons depuis ses débuts (2008) propose de nombreuses pistes et études sur le sujet (https://www.heureux-cyclage.org/-Telechargements-.html)

La présence d’un atelier associatif est complémentaire des commerces de vélocistes et est très appréciée de ces derniers, et réciproquement. Cet “écosystème du vélo” auquel nous contribuons à la Guillotière n’est pas présent dans le quartier de Debourg. Ainsi, rendre possible le maintien de cette activité dans un quartier où l’association est implantée et reconnue nous semble bien relever de la responsabilité de la métropole, en cohérence avec les objectifs du plan vélo.

Il nous semble à ce stade que deux solutions se dessinent : 

  • Étudier sérieusement dès maintenant une installation durable et pérenne de l’association dans des locaux rénovés et offrant des garanties de qualité suffisante pour l’accueil du public et des salarié·es de l’association sans risque d’un nouveau déménagement sous quelques années. 
  • Envisager une relocalisation durable à proximité de son implantation actuelle après une période transitoire.

Des solutions créatives peuvent être envisagées afin de mutualiser l’investissement avec d’autres activités associatives liées au réemploi, à la réparation ou au développement du vélo. Le projet des écuries du Parc Blandan peut faire partie de ces possibilités.

Aménagement du 207 rue Marcel Mérieux et conservation d’un local à la Guillotière

Dès le mois de décembre 2018, nous avons soumis à la métropole la possibilité d’emménager temporairement dans le local du 207 rue Marcel Mérieux Lyon 7. Cette demande plusieurs fois réitérée n’a fini par avoir l’aval de la métropole qu’en février 2024, soit 5 ans d’attente.

Comme nous l’avons évoqué, ce hangar nécessite une remise en état importante afin de permettre l’installation d’un atelier accueillant du public. Nous rappelons que nous avons proposé ce projet d’installation temporaire à condition de réinvestir le local rénové à l’échéance 2030 (ou toute proposition équivalente dans le secteur Guillotière) et conserver notre présence à la Guillotière. 

Nous souhaitons que nos revendications ne soient pas transformées pour n’être réduites à une demande d’installation au 207 rue Marcel Mérieux.

Le maintien à la Guillotière, même dans un second local réduit, apporterait une sécurité financière pour notre association tout comme un service de réparation pour les cyclistes du quartier. Nous sommes en relation avec la direction de l’économie, du commerce et de l’artisanat de la ville de Lyon pour investiguer les possibilités dans le secteur Guillotière-Péri, où la commune fait usage de son droit de préemption dans le cadre d’un périmètre de sauvegarde.

Pour finir

Arrivé à sa 18e année, l’atelier du Chat Perché n’a connu que des locaux précaires. En dépit de sa contribution au système associatif et du soutien des collectivités, l’association ne souhaite pas se résigner à occuper inexorablement des locaux précaires et vétustes au gré du renchérissement du foncier. Nous réitérons notre demande de soutien de la part des collectivités afin de faire perdurer notre dynamique.